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Le présent document vise non pas à insulter ou à ridiculiser les Conservateurs de Stephen Harper, mais bien à montrer avec exactitude et honnêteté pourquoi ce parti ne devrait pas diriger ni représenter le Canada. Stephen Harper a promis de « changer le visage du Canada » d’une façon si draconienne que nous ne le reconnaîtrions pas. Sur ce plan, il a réussi, et les Canadiens doivent maintenant décider si c’est ce qu’ils veulent vraiment.

Une mauvaise gestion des fonds publics

• En 1993, les Conservateurs de Brian Mulroney nous ont laissé un déficit de 38 milliards de dollars. En 2006, les Libéraux de Paul Martin ont réussi à transformer ce déficit en un excédent de 16 milliards de dollars. Aujourd’hui, grâce à M. Harper, nous nous retrouvons avec un déficit de plus de 55 milliards de dollars.

• Pour recueillir des fonds, les Conservateurs ont fait la promotion de la TVH, qui transfère le fardeau fiscal des entreprises aux consommateurs et fait grimper le coût de produits et services essentiels comme les aliments et le chauffage. Le gouvernement de l’Ontario a admis que cela coûterait aux citoyens au moins 500 $ annuellement par famille.

• Pour l’exercice 2011 2012, M. Harper réduit encore davantage l’impôt des sociétés. Cette mesure coûtera 5,6 milliards de dollars par année, réduisant ainsi l’assiette du revenu des Canadiens. Par ailleurs, les fiducies de revenu de M. Harper, qui constituent une véritable « trahison », entraîneront une « fuite » fiscale de 2 milliards de dollars par année.

• Et n’oublions pas le programme de renflouement des banques, qui s’élève à 75 milliards de dollars et qui ne prévoit aucun règlement plus strict ni aucune mesure visant à empêcher les échappatoires fiscales. Le Sommet du G 20 à Toronto peut être qualifié de sommet de l’austérité, puisque les dirigeants mondiaux qui y ont participé ont promis de réduire leur déficit de moitié d’ici 2013. Comme les Conservateurs ne sont pas majoritaires, ils ne peuvent pas encore, comme au Royaume Uni, réduire le financement de l’éducation et augmenter les frais de scolarité postsecondaires (les étudiants sont déjà endettés par dessus la tête), mais ils n’ont pas caché leur intention de faire d’importantes compressions lorsqu’ils le pourront.

Le pétrole, un pactole dont il faudra payer le prix

• M. Harper et ses semblables se sont acquis une réputation peu enviable pour leur obstruction à peine déguisée au moment des négociations sur les changements climatiques menées par l’ONU à Copenhague. À Cancun, ils ont exercé des pressions pour que l’accord de Kyoto ne soit pas prolongé – accord dont ils font toujours fi en dépit des catastrophes naturelles qui ont secoué la planète en 2010 et qui ont coûté, à l’échelle mondiale, un montant estimé à 220 milliards de dollars.

• Les Conservateurs prétendent aussi qu’ils ne peuvent adopter une loi sur le système de « plafonnement et échange » sans la collaboration des États Unis. Ils édicteront un règlement « équivalent » lorsque nos voisins du Sud le feront. Maintenant que le président Obama est prêt à réduire les émissions, nous verrons bien ce qui se passera.

• N’oublions pas que le Parti réformiste – maintenant le Parti conservateur – avait des liens avec le Petroleum Club de Calgary. M. Harper a l’intention de dépenser massivement pour augmenter la production des sables bitumineux de l’Alberta – malgré les conséquences d’une telle mesure : 100 000 tonnes d’émissions de CO2 par jour, une déforestation de la taille de la Floride, la pollution de la rivière Athabasca et des bassins toxiques de décantation et de stockage des stériles et des boues.

• La société Enbridge, établie à Calgary, qui est responsable du déversement de pétrole dans le fleuve Michigan l’été dernier, souhaite construire le pipeline Western Gateway afin d’acheminer le pétrole provenant des sables bitumineux vers la côte ouest du Canada. La rénovation des maisons constitue l’un des moyens de réduire la consommation de carburant. Or, M. Harper a laissé expirer le crédit d’impôt pour la rénovation domiciliaire le 31 janvier 2010.

• Un rapport a révélé que des scientifiques d’Environnement Canada sont réduits au silence à propos des changements climatiques. On les empêche de participer à des conférences, leurs sites Web sont démantelés, et le rôle du conseiller national des sciences n’est plus ce qu’il était.

 

Une nation torturée

• En ce qui concerne l’importante question morale de la torture, M. Harper a réagi par une habile pirouette. Lorsque des allégations selon lesquelles le gouvernement a permis à la Direction de la sécurité nationale de l’Afghanistan de torturer des prisonniers de guerre ont été rendues publiques, M. Harper a convoqué la gouverneure générale, le 30 décembre 2009, et a simplement prorogé le Parlement pendant 22 jours pour éviter la controverse.

• En outre, le contrat de Peter Tinsley, président de la Commission d’examen des plaintes concernant la police militaire, n’a pas été renouvelé lorsqu’il a expiré en décembre 2009. M. Tinsley a déclaré que le refus de M. Harper de prolonger son mandat pour l’empêcher de terminer l’enquête sur les tortures alléguées de prisonniers en Afghanistan a fait l’effet d’une « douche froide » sur les chiens de garde nommés par le Cabinet.

• D’autres obstructions et ce que certains considèrent comme un « outrage au Parlement » ont amené le président de la Chambre des communes, Peter Milliken, à prendre une mesure extraordinaire, accusant le gouvernement d’atteinte au privilège parlementaire pour avoir refusé de rendre publics des documents non censurés. Toutefois, grâce aux manœuvres de M. Harper, la question de la torture se retrouve maintenant noyée dans les méandres procéduraux d’un comité parlementaire spécial.

L’obsession des armes

• Le gouvernement a décidé d’acheter, sans appel d’offres, 65 chasseurs furtifs F 35 de la société Lockheed Martin. Le coût de ces avions, qui présentent de nombreux problèmes, s’élève à 9 milliards de dollars – montant qui ne comprend pas les frais d’entretien d’environ 7 milliards de dollars. Cet achat de 16 milliards de dollars (ou de 21 milliards de dollars, selon certaines sources), financé à même nos impôts, constitue la plus importante acquisition de matériel militaire de l’histoire du Canada. Et la vérificatrice générale a déclaré qu’il pourrait y avoir des dépassements de coûts et des retards.

• Alan Williams, ancien sous ministre adjoint (Matériels) de la Défense, a déclaré ce qui suit : « Le processus d’approvisionnement est devenu incontrôlable et a dégénéré en subventions gouvernementales à des bénéficiaires choisis. »

• En ce qui concerne les armes plus modestes, les Conservateurs ont exercé beaucoup de pressions pour abolir le registre des armes d’épaule, accusant même la police favorable au registre de vouer un « culte » à ce programme. Marty Cheliak, surintendant de police en chef de la GRC et farouche défenseur du registre, a soudain été remplacé à la tête du Programme canadien des armes à feu sous prétexte que le titulaire de ce poste doit être bilingue. M. Harper a déclaré que cette décision résultait d’un « problème de dotation » et « non d’une question de politique ».

• Lorsqu’une évaluation du registre effectuée par la GRC a permis de conclure que le registre était un « important outil d’application de la loi » efficient et rentable, le gouvernement a suspendu la présentation de cette évaluation à la Chambre des communes en affirmant qu’elle était en train d’être traduite.

• Pour ce qui est d’autres questions connexes, le moral de l’effectif de la GRC est au plus bas depuis que M. Harper a nommé le caustique William Elliott à la tête de cet organisme; en outre, le mandat de Paul Kennedy, président de la Commission des plaintes du public contre la GRC, n’a pas été renouvelé après que M. Kennedy a critiqué l’organisme.

 

La répression du crime coûte que coûte

• Le taux de criminalité est en baisse, et la population vieillit, mais le gouvernement Harper prétend qu’il doit adopter des lois plus strictes, incarcérer davantage de Canadiens et dépenser 9 milliards de dollars pour construire de nouvelles prisons – dont des superprisons à l’américaine – en raison d’une augmentation du nombre de crimes « non signalés ».

• Le tiers des 54 projets de loi présentés par les Conservateurs au cours des derniers mois ont trait à la criminalité. Selon le directeur parlementaire du budget, l’adoption du projet de loi C 25, en vertu duquel le temps passé en détention préventive ne compterait plus en double, coûterait à lui seul de 7 à 10 milliards de dollars.

• Selon un nouveau rapport rédigé par un groupe de réflexion du Centre canadien de politiques alternatives, des conditions de détention plus difficiles, des peines plus longues et des prisons surpeuplées feront grimper le taux de récidive des criminels. Les prisonniers doivent déjà attendre beaucoup trop longtemps avant de pouvoir s’inscrire à des programmes de réinsertion sociale et sont entassés dans les cellules, au mépris des normes de l’Organisation des Nations Unies.

• Par ailleurs, six prisons agricoles, qui figurent parmi les programmes de réinsertion sociale les plus efficaces du Canada, doivent fermer leurs portes. La sœur Helen Prejean, activiste américaine qui milite contre la peine de mort, a mis les Canadiens en garde contre certains membres du Parti conservateur : « Si leur ascension se poursuit […] vous vous retrouverez avec un gouvernement qui pourrait rétablir la peine de mort en un tournemain ».

• Tout en rendant hommage aux victimes de crimes, les Conservateurs ont réduit de 41 % le budget de l’Initiative sur les victimes d’actes criminels et de 34 % les contributions à l’Initiative sur les victimes d’actes criminels.

 

L’humiliation subie à l’étranger

• Le Canada souhaitait siéger au Conseil de sécurité de l’ONU, ce qui lui aurait conféré du prestige, du pouvoir et de l’influence, mais il semble que, parce qu’il ne supporte pas d’être contredit, le gouvernement Harper se soit aliéné de trop nombreux pays. Il a subi ce que le journal The Globe and Mail a appelé une « cuisante défaite » – dont il a ensuite tenté d’attribuer la responsabilité à Michael Ignatieff.

• Seulement quatre pays ont voté contre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones de l’ONU lorsqu’elle a été adoptée par l’Assemblée générale en 2007, et le Canada était l’un d’entre eux. (Il a par la suite modifié sa position.)

• M. Harper a contribué à empêcher l’ONU de déclarer que l’amiante est une substance dangereuse et fait toujours la promotion des exportations de ce produit vers les pays pauvres de la planète.

• Le Canada a joué un rôle déterminant pour empêcher que les semences génétiquement modifiées soient bannies aux termes de la Convention sur la diversité biologique de l’ONU.

• M. Harper a mis fin au partenariat en matière de développement, encensé sur la scène internationale, que nous avions établi avec huit des pays les plus pauvres d’Afrique.

• Il préfère mettre l’accent sur la Colombie – pays de droite militariste où sévissent des escadrons de la mort dirigés par le gouvernement.

• Les commentaires de M. Harper, selon lesquels le bombardement brutal du Liban en 2006 était une réaction « mesurée » ainsi que le soutien inconditionnel qu’il apporte à Israël soulèvent aussi des questions.

• Le gouvernement Harper a réduit le financement de l’UNRWA, organisme de l’ONU qui fournit une aide, une instruction et d’autres services aux réfugiés palestiniens et s’est opposé à l’Iran au chapitre des droits des femmes, tout en soutenant l’Arabie saoudite.

• On considère aussi que M. Harper a manqué de respect envers l’ONU lorsqu’il s’est absenté furtivement d’une réunion de l’Assemblée générale pour se faire photographier dans une beignerie Tim Horton qui venait juste d’ouvrir ses portes à New York.

 

Big Brother

• M. Harper est un partisan du philosophe Leo Strauss, qui croyait que seule l’élite devrait gouverner.

• Le personnel non élu du bureau du leader à la Chambre met au point les tactiques et les stratégies. Pour rendre cela possible, le cabinet du premier ministre a augmenté le financement de ce bureau de un million de dollars, montant qui est payé directement par les contribuables.

• Certains députés conservateurs, qui devraient être les porte-paroles de leurs électeurs, sont réduits au silence. Le pouvoir central de M. Harper rédige, au nom des députés conservateurs, les communiqués de presse ainsi que les questions et déclarations souvent agressives, ponctuées d’attaques personnelles, destinées à la Chambre des communes. Il fournit aussi aux députés des « points de discussion » concernant certains enjeux afin qu’ils ne puissent pas dévier de la ligne de parti.

• Dans certaines circonscriptions, des candidats conservateurs indésirables se sont plaints d’être victimes de campagnes de diffamation. En général, ceux qui ne sont pas d’accord avec M. Harper se font injurier et font l’objet de ce que le journaliste Lawrence Martin qualifie de « slogans démagogiques ».

• L’émission The Fifth Estate, diffusée à CBC, a révélé que 20 ministères gouvernementaux, ainsi que le SCRS et la GRC, participent maintenant à un programme de « sécurité » nationale.

 

« C’est moi qui établis les règles »

• Le printemps dernier, les Conservateurs ont présenté un projet de loi pour empêcher des réfugiés de certains pays de venir au Canada. En vertu de ce projet de loi, le ministre de l’Immigration, Jason Kenney, a le dernier mot au sujet des personnes qui peuvent entrer au Canada. Autrement dit, les gens ne sont plus « égaux devant la loi ». C’est M. Kenney qui établit la loi.

• Ce projet de loi n’a pas été approuvé, mais c’est le même principe de l’inégalité et du pouvoir ministériel arbitraire qui sous tend le projet de loi C 49, présentement à l’étude à la Chambre des communes. Dans ce cas précis, le ministre de la Sécurité publique peut qualifier de « clandestin » n’importe quel groupe de migrants qui arrive au Canada – et permettre ainsi aux autorités d’emprisonner des hommes, des femmes et des enfants pendant au moins un an. Certains critiques affirment que ce projet de loi contrevient au droit international et à la Charte canadienne des droits et libertés.

• M. Harper a lui même incarné l’attitude des Conservateurs lorsqu’on lui a dit qu’il était interdit de conduire un VTT sur la piste réglementée d’un aéroport. « C’est moi qui établis les règles », a-t-il déclaré.

• L’ex-chef de cabinet et ancien directeur de campagne de M. Harper, Tom Flanagan, qui demeure un mentor et un conseiller de longue date du premier ministre, a annoncé au réseau de télévision CBC que Julian Assange, de WikiLeaks, devrait être « assassiné […] Obama devrait faire appel à un tueur à gages pour le liquider ». Il a aussi menacé une femme en ces termes : « Prenez garde, nous savons où vous vivez. »

 

Un comportement scandaleux

• L’ancien ministre des Travaux publics, Christian Paradis, a prétendu qu’il ne savait pas qu’une campagne de financement tenue à Montréal, à laquelle il a assisté en compagnie de bon nombre de poids lourds de l’industrie de la construction, était organisée par Paul Sauvé, le patron de LM Sauvé. Pendant ce temps, M. Sauvé indiquait à un comité parlementaire que les 140 000 $ qu’il avait versés au lobbyiste conservateur Gilles Varin avaient probablement été distribués à divers responsables du parti.

• M. Sauvé est convaincu que c’est la raison pour laquelle son entreprise a obtenu le contrat de 9 millions de dollars pour la rénovation de l’édifice de l’Ouest de la colline du Parlement en 2008. « Nous avons récolté ce que nous avons semé » a t il déclaré. La GRC a entrepris une enquête sur cette question.

• On a aussi demandé à la GRC de mener une enquête pour déterminer si le gouvernement Harper a illégalement divulgué des renseignements confidentiels du Cabinet à propos de Taseko Mines Ltd. – permettant ainsi à des initiés de négocier des actions de l’entreprise.

• En outre, un repas que M. Harper a partagé avec le chef de Fox News, à New York, a éveillé des soupçons. Par la suite, l’ancien porte parole de M. Harper, Kory Teneycke, a dû démissionner de son poste d’éditeur politique à Quebecor/Sun Media, qui est en train d’établir un réseau « Fox News dans le Nord », après l’ajout frauduleux de noms à une pétition.

• On craint que le dirigeant du CRTC, Konrad von Finckenstein, soit remplacé par Luc Lavoie, de Quebecor, un partisan de Mulroney, ce qui compromettrait l’indépendance de la commission.

 

Des promesses brisées

• Le premier ministre Harper a fait campagne pour la reddition de comptes et la transparence. La commissaire à l’information du Canada a découvert que le gouvernement Harper est le plus cachottier de l’histoire de notre pays au chapitre de l’accès à l’information, et un haut fonctionnaire du gouvernement s’est fait prendre à s’ingérer dans le processus.

• Le refus du gouvernement de collaborer avec des comités parlementaires crée un climat de « guerre de tranchées » teinté de mépris. Les membres du personnel, qui devraient être redevables au public, ne sont plus autorisés à témoigner devant ces comités.

• Même s’il s’oppose à l’existence d’un Sénat non élu, M. Harper a utilisé sa nouvelle majorité pour empêcher récemment la promulgation d’un projet de loi sur les changements climatiques, qui avait pourtant été adopté par la majorité élue de la Chambre des communes.

• Élections Canada a engagé une lutte sans merci avec d’anciens candidats conservateurs; la police a fait une descente dans leurs bureaux en raison de ce qu’on considère comme des tentatives systématiques de camouflage des dépenses relatives à la campagne électorale menée à l’échelle nationale en 2006.

 

Kathleen O’Hara travaille pour les médias, le gouvernement et des groupes sans but lucratif. Son livre intitulé Lost and Found in London sera publié cette année. Elle est aussi membre de la campagne Catch 22, qui permet de cerner les circonscriptions où les Conservateurs de M. Harper sont les plus vulnérables afin d’inciter les citoyens à voter de façon stratégique.

 

 

Kathleen O'Hara

Kathleen O’Hara has been a print, radio and television journalist for 15 years. She worked as a producer for national programs, including “As It Happens” on CBC radio and “The...